Comte

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Représentation héraldique de la couronne de comte de France.

Comte (du latin comes, comitis « compagnon, personne de la suite »[1], puis plus tard « compagnon de l'empereur, délégué de l'empereur ») est un titre de noblesse dont l'origine remonte aux premiers empereurs romains. Il s'agit du plus ancien titre de haute noblesse conféré en Europe et toujours l'un des plus élevés de la hiérarchie nobiliaire européenne.

Représentation héraldique de la couronne de comte et pair de France.

En France, sous l'Ancien Régime, la dignité des titres dépendait de leur ancienneté, tous titres confondus (sauf celui de duc traditionnellement conféré aux anciennes familles souveraines qui conservaient donc une préséance) tandis que leur hiérarchie dépendait des hommages. Pourtant, le XIXe siècle inventa une hiérarchie nobiliaire divergente, la dignité de comte y est conçue comme précédée de celles de duc et de marquis et suivie par celles de vicomte, vidame et de baron.

Ces représentations hiérarchiques diffèrent non seulement dans le temps, mais également d'un pays à l'autre. Par exemple, la noblesse autrichienne considère le titre de Graf / comte comme le second rang le plus élevé de sa hiérarchie nobiliaire, suivant immédiatement celui de Fürst / prince, tous deux constituant la Haute Noblesse de l'Empire (Hoher Adel).

Histoire du titre européen

Une jeune comtesse issue de la famille autrichienne des Schönborn posant pour une photo artistique, 1912.
Article détaillé : Comes (Rome antique).

Sous le règne d'Auguste, on voit des sénateurs choisis pour leur conseil porter le nom de comites Augusti. Être comte sous l'Empire romain, c'est détenir une charge publique non héréditaire, recouvrant des responsabilités civiles et militaires variables selon le contexte et les époques.

Au Ve siècle, apparaît le comes civitatis, qui réunit les deux compétences sur un plan plus localisé[2].

Les rois des Francs ont repris et développé le système comtal romain. Le rayon géographique de son autorité resta limité à une seule civitas et celle-ci garde souvent l’étendue qu’elle avait au début de la Gaule romaine, à savoir le territoire de l’ancienne civitas celtique[Note 1],[3]. C’est à l'époque franque que l'on passe du comes civitatis romain au comitatus, le comté territorial franc qui s’adapte aux anciennes unités celtiques ; les pagenses servent sous leurs anciens noms de Turones, d’Andegavenses dans le contingent de leur comte au sein de l’armée du roi franc. L’alliance de la royauté franque avec l’aristocratie sénatoriale gallo-romaine catholique ne concerne pas seulement l’épiscopat des Gaules, mais aussi les comtes, chefs locaux de l’administration, issus de la même classe : dans une grande partie de la Gaule, les comtes n’étaient pas des Francs comme l’a montré Godefroid Kurth. Les rois ont d’ailleurs développé ce nouveau comitatus en le subdivisant, au VIe siècle, en différents pagi (pays) – jusqu’à quatre, six ou plus par civitas. Les comtes mérovingiens sont nommés par le roi et assurent les fonctions fiscales, militaires et judiciaires. L'un d'entre eux, appelé comte palatin (comes palatii), était chargé de rendre la justice dans le palais, ainsi que, en général, de juger les affaires où le prince avait intérêt (voir aussi maire du palais pour le premier d'entre eux).

Dans le nord-est de la Gaule franque, des pagi plus petits apparaissent dirigés par un grafio ; les porteurs de ce titre nouveau viennent derrière les comites dans la hiérarchie romano-franque. Indépendamment de cette nuance de titre, celui de grafio ayant disparu assez tôt, deux classes de comte se sont formées selon l’importance de leur territoire ; les uns sont responsables de toute une civitas, les autres d’un pagus plus petit[3].

Le comes civitatis, inaugurant la série des comtes de « comté » du royaume franc est à l’origine d’un réseau administratif qui préfigure les départements de la Révolution. Joseph Calmette rappela que le comte du IXe siècle est le préfet du régime (son autre titre étant d’ailleurs praefectus). La notion et l’institution comtale domineront l’Europe, du county anglais (et américain) au comitat des Hongrois et Polonais[4].

Sous les Carolingiens, ces offices tendent à devenir de plus en plus héréditaires. Du fait d'un affaiblissement du pouvoir royal, les pagi évoluent en comtés autonomes. De simples fonctionnaires révocables, les comtes s'approprient le titre, puis la fonction attachée à ce titre et le territoire sur lequel ils l'exercent, de manière héréditaire. Le capitulaire de Quierzy leur reconnait ce droit en (877)[5]. Un comte est alors le plus haut rang de la noblesse, les familles comtales médiévales possédaient la plus haute dignité de la noblesse française d'Ancien Régime.

En 1564, une ordonnance de Charles IX établit qu'en l'absence d'héritiers mâles, les comtés retourneraient à la couronne.

Depuis le XIXe siècle, le titre de comte n'est plus en France qu'une distinction honorifique, et qui ne confère aucun privilège.

Cas particuliers

Il faut signaler trois charges comtales particulières :

  • celle du comte des « étables » (comes stabuli) qui donnera le terme « connétable » ;
  • celle de comte palatin ;
  • et celle de comtes du Saint-Empire (Reichsgraf) qui disposaient de la préséance sur tout autre noble dans les pays germaniques[Note 2] et en Italie. Cet usage avait également cours, mais uniquement par courtoisie, au sein des Cours étrangères.

Autre particularité, le comte Roger Ier de Sicile fut surnommé le « Grand Comte ».

Représentation héraldique


Allemagne

Danemark

Espagne

Royaume de France

Royaume de France

Empire français

Italie

Pays-Bas

Portugal

Royaume-Uni

Suède

Brésil

Dans les pays européens

En Allemagne

Le titre de Comte (en allemand : Graf pour les hommes et Grâfin pour les femmes) est un titre de noblesse dont le rang est immédiatement supérieur à celui de Baron.

Le système nobiliaire allemand naît sous le Saint-Empire romain germanique (962-1806) et se perpétue sous la Confédération du Rhin (1806-1814) et la Confédération germanique (1815-1866), puis sous l'Empire allemand (1871-1918). Tout d'abord, il faut constater qu'une noblesse allemande unique n'a jamais existé.

La noblesse allemande est abolie à la chute de l'Empire allemand à la fin de la Première Guerre mondiale en 1918. Cependant à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à l'émergence d'une noblesse allemande « unifiée » à la suite de la formation le 15 mai 1956 de l'Association des associations de la noblesse allemande (Vereinigung der Deutschen Adelsverbände).

La noblesse allemande ou germanique se caractérise pour ses membres par l'usage de différentes particules nobiliaires : am, an, auf, auf der, aus der, im, vom, von (la plus courante), von dem, von den, von der, von und zu, zu, zum, zur.

La particule nobiliaire dans la noblesse allemande se porte comme suit : - après le prénom : Herbert von Karajan ; - après le titre de politesse ou de civilité : Herr/Monsieur von Karajan ; - après le titre de noblesse : Le prince von Bismarck ; - après un titre ou une fonction : le colonel comte von Stauffenberg, le baron von Gersdorff etc...

En Angleterre (Royaume-Uni)

La noblesse britannique désigne l'ensemble des personnes qui portent officiellement dans le Royaume-Uni un titre de noblesse.

Dans le système nobiliaire britannique, les titres de noblesse sont les suivants : 1) duc, 2) marquis, 3) comte, 4) vicomte, 5) baron.

Les noms nobles anglais ne possèdent pas à proprement parler de particule (ex.: Lord Attenborough, Comte de Gainsborough,...).

En Belgique

En Belgique, le titre de comte - comtesse pour une femme - se situe comme en France entre ceux de vicomte et de marquis. C'est le titre le plus élevé octroyé par le roi des Belges à un non-noble ou à une personne de moindre noblesse.Les titres supérieurs (marquis, duc et prince) ne sont en principe concédés qu'à des aristocrates dont la famille détenait déjà un tel titre avant l'indépendance de la Belgique (1830) ou plus généralement à des familles de noblesse étrangère admises dans la noblesse belge et déjà décorées dudit titre par un autre monarque.

Au Danemark

Au royaume du Danemark, la noblesse danoise est divisée entre la noblesse dite "ancienne" et la noblesse dite "moderne". La noblesse ancienne date d'avant la période de la Réforme. Les titres de la noblesse sont les suivants : 1 ) prince, 2) duc, 3) comte, 4) baron.

En Estonie et Lettonie (noblesse Germano-Balte)

Les descendants des chevaliers Porte-Glaive (intégrés à l'ordre des chevaliers Teutoniques) fondent la noblesse allemande de la Baltique. Issu de familles nobles, les allemands baltes étaient des populations de culture et de langue allemande, minorité dominante, grands propriétaires fonciers.

Du XIIe au XXe siècle, la noblesse Germano-balte était composée de familles d'écuyers (Junkers), de chevaliers (Ritter), de barons (Freiherren), de comtes (Gräfe) et de ducs (Herzöge). Les membres des chevaleries baltes se considèrent théoriquement comme égaux.

Les territoires baltes conquis par les chevaliers de l'ordre Teutonique deviennent des duchés de Suède. Des suites de la Grande Guerre du Nord, les duchés suédois d'Estonie, de Courlande et de la Livonie sont séparés du royaume de Suède, et annexés à l'Empire de Russie en 1721. Pour autant, la langue allemande reste la langue administrative. La noblesse Germano-balte ou allemande de la Baltique est intégrée à la noblesse russe.

Au traité de Versailles de 1919, l'Estonie et la Lettonie se sont constitués en République à partir des territoires des duchés de Livonie, d'Estonie et de Courlande. L'Association des chevaleries baltes est aujourd'hui membre de l'Association des associations de la noblesse allemande.

Saint-Empire romain germanique (1356-1806)

Les titres de noblesse du Saint-Empire romain germanique étaient noble (Edelfreï), chevalier (Reichsritter), baron (Reichsfreiherr), comte (Reischgraf) et prince (Reichfürst). Ils avaient le privilège de préséance sur toute autre noblesse dans le Saint-Empire.

Cette noblesse disparut en 1806 avec la chute du Saint-Empire par Napoléon Ier et fut ensuite incorporée dans les monarchies européennes actuelles.

Le titre de Comte (Reichgraf) était accordé par l'empereur, là aussi sans assise féodale, on parlait de « Comte de N. et du Saint-Empire ». Tous les enfants, même les filles, portent également le titre sous la forme « Comte prénom de N. ».


En Pologne

Autrefois jusqu'en 1861, les nobles seuls avaient des noms de famille. En Pologne, les noms de famille nobles étaient le plus souvent des noms de domaine ou de propriété foncière, pourvus d'un suffixe -icz, -ski ou -cki. La particule nobiliaire "de" ou "von" n'existe pas en Pologne.

En 1791, la noblesse polonaise représentait environ 08% de la population. Les serfs ne reçurent un nom de famille qu'en 1861. Jusqu'en 1921, la noblesse polonaise est assimilée à la noblesse russe.

La hiérarchie des titres de la noblesse polonaise : 1) prince 2) comte 3) baron 4) noble sans titre. La majorité des familles nobles sont sans titre.

Une seule famille noble polonaise porte un titre de marquis : la famille Wielopolski. (voir liste des familles nobles polonaises).

En Russie

A la veille de la Première Guerre mondiale, la noblesse constituait un ensemble numériquement important : elle comptait environ 1,9 million d'individus, soit près de 01 % de la population russe. Au début du XXe siècle, on comptait huit cent trente (830) familles ayant les titres de princes, comtes et barons. A la chute de la monarchie russe, une grande partie de la noblesse russe a trouvé refuge en Europe. La famille impériale russe vit toujours en exil à l'étranger.

Le titre de prince était le plus ancien et prestigieux. Dans la Russie impériale, le titre de comte russe fut instauré par l'empereur Pierre le Grand.

Dans l'Empire russe, le titre de Comte était accordé par le tsar de façon héréditaire. A l'inverse de la majeure partie des pays d'Europe, les noms des familles nobles russes ne possèdent pas de particule. Juste le titre et le nom de famille.

Exemple : Comte Palhen, Comte Lieven, Comte Kotchoubeï, Comte Orlov, Comte Popov, Comte Tolstoï,...

Le comte dans la culture

Dans La Comédie humaine d'Honoré de Balzac, Claire de Beauséant est une vicomtesse qui apparaît notamment dans Le Père Goriot. Edmond Dantès devient le Comte de Monte-Cristo dans le roman éponyme d'Alexandre Dumas. Mais un des personnages fictifs les plus connus de comte est celui, initialement romanesque, mais passé au cinéma, du comte transylvain Dracula. Ses nombreux avatars, de Nosferatu à Dooku ont tous hérité de son titre. Un autre personnage de comte, plus scientifique et sympathique, appartient à la bande dessinée belge : c'est Pacôme de Champignac.

Notes et références

Notes

  1. Cela se passe au moment où dans plusieurs cités resurgit l’ancien nom de tribu gaulois à la place du nom donné par les Romains ainsi à Paris, Angers ou Tours comme l’a montré Michel Rouche.
  2. Les pays composant la partie « germanique » du Saint-Empire romain germanique et qui devinrent les Empires d'Autriche et allemand.

Références

  1. Félix Gaffiot, Dictionnaire latin français, Hachette, Paris, s.v. comes.
  2. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 425.
  3. a et b Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 427.
  4. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, éd. Pluriel, 2012, p. 431.
  5. Anthony Vera Dobroes, « Le corps politique dans la société féodale : Un émiettement façon puzzle ? », sur cercleduguesclin.fr, Cercle Du Guesclin, (consulté le ) (nISSM)

Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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