Inégalité de Bernoulli

Illustration de l'inégalité de Bernoulli pour n = 3 {\displaystyle n=3}

En analyse, l'inégalité de Bernoulli — portant le nom du mathématicien Jacques Bernoulli — énonce que :

( 1 + x ) n > 1 + n x {\displaystyle (1+x)^{n}>1+nx}

pour tout entier[1] n > 1 et tout réel x non nul supérieur ou égal à −1.

Démonstrations

Par récurrence

Soit un réel x [ 1 , 0 [ ] 0 , + [ {\displaystyle x\in \left[-1,0\right[\cup \left]0,+\infty \right[} . Montrons l'inégalité pour tout entier n > 1, par récurrence sur n .

  • Initialisation : ( 1 + x ) 2 = 1 + 2 x + x 2 > 1 + 2 x {\displaystyle (1+x)^{2}=1+2x+x^{2}>1+2x} donc la propriété est vraie pour n = 2.
  • Hérédité : supposons (hypothèse de récurrence) que ( 1 + x ) k > 1 + k x {\displaystyle (1+x)^{k}>1+kx} et montrons que la propriété est vraie au rang suivant k + 1, c'est-à-dire montrons que ( 1 + x ) k + 1 > 1 + ( k + 1 ) x {\displaystyle (1+x)^{k+1}>1+(k+1)x} .
    En multipliant les deux membres de l'inégalité de l'hypothèse de récurrence par 1 + x (qui par hypothèse est positif ou nul) on obtient : ( 1 + x ) k + 1 = ( 1 + x ) k ( 1 + x ) ( 1 + k x ) ( 1 + x ) = 1 + ( k + 1 ) x + k x 2 > 1 + ( k + 1 ) x {\displaystyle (1+x)^{k+1}=(1+x)^{k}(1+x)\geq (1+kx)(1+x)=1+(k+1)x+kx^{2}>1+(k+1)x} .
  • Conclusion : la propriété est vraie au rang 2 et elle est héréditaire donc vraie pour tout entier n ≥ 2.

Utilisant la formule du binôme et la formule des séries géométriques

D'après la formule du binôme, si x > 0 , ( 1 + x ) n = 1 + n x + n ( n 1 ) 2 x 2 + + x n > 1 + n x {\displaystyle (1+x)^{n}=1+nx+{\frac {n(n-1)}{2}}x^{2}+\cdots +x^{n}>1+nx}

et d'après la formule de la somme des premiers termes d'une suite géométrique, si 1 x < 0 {\displaystyle -1\leqslant x<0}  : n > 1 + ( 1 + x ) + + ( 1 + x ) n 1 = 1 ( 1 + x ) n x {\displaystyle n>1+(1+x)+\dots +(1+x)^{n-1}={\frac {1-(1+x)^{n}}{-x}}} , d'où ( 1 + x ) n > 1 + n x {\displaystyle (1+x)^{n}>1+nx} .

Utilisant la notion de convexité

La courbe d'une fonction strictement convexe se trouve strictement au-dessus de ses tangentes, sauf au point de contact.

Plus précisément, si f {\displaystyle f} est strictement convexe dérivable sur un intervalle I {\displaystyle I} et x 0 {\displaystyle x_{0}} un point de I {\displaystyle I} , alors : x I { x 0 } : f ( x ) > f ( x 0 ) + f ( x 0 ) ( x x 0 ) {\displaystyle \forall x\in I\backslash \{x_{0}\}:f(x)>f(x_{0})+f'(x_{0})(x-x_{0})} .

Appliquant ceci à f ( x ) = ( 1 + x ) n {\displaystyle f(x)=(1+x)^{n}} qui est bien strictement convexe sur [ 1 , + [ {\displaystyle [-1,+\infty [} pour n > 1 {\displaystyle n>1} car f ( x ) = n ( 1 + x ) n 1 {\displaystyle f'(x)=n(1+x)^{n-1}} est strictement croissante sur cet intervalle, en prenant x 0 = 0 {\displaystyle x_{0}=0} on obtient bien ( 1 + x ) n > 1 + n x {\displaystyle (1+x)^{n}>1+nx} .

Généralisation

Exposant étendu à un réel >1

Pour tout réel r > 1 et tout réel x non nul et supérieur ou égal à −1, on a encore :

( 1 + x ) r > 1 + r x {\displaystyle (1+x)^{r}>1+rx} .

La démonstration par convexité fonctionne de la même façon, mais on peut effectuer la démonstration élémentaire suivante :

Démonstration par étude des variations de la différence

Cette fois c'est r qu'on fixe (strictement supérieur à 1), et l'on étudie les variations de la fonction f définie sur D = [–1, +∞[ par :

f ( x ) = ( 1 + x ) r ( 1 + r x ) {\displaystyle f(x)=(1+x)^{r}-(1+rx)} ,

le but étant de montrer que f(x) > 0 pour tout x non nul appartenant à D.

Les deux premières dérivées de f sur ]–1, +∞[ sont données par :

f ( x ) = r ( 1 + x ) r 1 r = r ( ( 1 + x ) r 1 1 ) {\displaystyle f'(x)=r\left(1+x\right)^{r-1}-r=r\left(\left(1+x\right)^{r-1}-1\right)} ,
f ( x ) = r ( r 1 ) ( 1 + x ) r 2 > 0 {\displaystyle f''(x)=r(r-1)\left(1+x\right)^{r-2}>0}

donc f {\displaystyle f'} est nulle en 0 et strictement croissante. Elle est donc strictement négative sur ]–1, 0[ et strictement positive sur ]0, +∞[.

Par conséquent, la fonction f (continue en 0 et −1) est strictement décroissante sur [–1, 0] et strictement croissante sur [0, +∞[.

Comme elle s'annule en 0, on a donc bien f > 0 sur [ 1 , 0 [ ] 0 , + [ {\displaystyle \left[-1,0\right[\cup \left]0,+\infty \right[} .

Cas d'un réel strictement compris entre 0 et 1

Pour tout réel r ] 0 , 1 [ {\displaystyle r\in ]0,1[} et tout réel x non nul et supérieur ou égal à −1, on a cette fois [2]:

( 1 + x ) r < 1 + r x {\displaystyle (1+x)^{r}<1+rx} .

La fonction f {\displaystyle f} définie par f ( x ) = ( 1 + x ) r {\displaystyle f(x)=(1+x)^{r}} est cette fois strictement concave sur [ 1 , + [ {\displaystyle [-1,+\infty [} car f ( x ) = r ( r 1 ) ( 1 + x ) r 2 < 0 {\displaystyle f''(x)=r(r-1)(1+x)^{r-2}<0} sur ] 1 , + [ {\displaystyle ]-1,+\infty [} , d'où le changement de sens de l'inégalité.

Utilisations

Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?

L'inégalité de Bernoulli peut être utilisée comme lemme pour démontrer que pour tout réel q > 1, la limite de la suite géométrique (qn) est égale à +∞.

Elle peut aussi être utilisée pour démontrer l'inégalité arithmético-géométrique : x 1 x n n x 1 + + x n n {\displaystyle {\sqrt[{n}]{x_{1}\dots x_{n}}}\leqslant {\frac {x_{1}+\dots +x_{n}}{n}}} [2].

Notes et références

  1. (en) Visualisation par une animation interactive, sur demonstrations.wolfram.com
  2. a et b Mohammed Aassila, 100 chalenges mathématiques, Analyse, Ellipses, , p. 284-285
  • icône décorative Portail de l'analyse