Ole Kirk Christiansen

Ole Kirk Christiansen
Biographie
Naissance

Filskov (Danemark)
Décès
(à 66 ans)
Billund (Danemark)
Sépulture
BillundVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Ole Kirk KristiansenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Drapeau du Danemark Danois
Activités
Charpentier, fondateur, entrepreneur, designerVoir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Godtfred Kirk ChristiansenVoir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Dagny Holm (nièce)Voir et modifier les données sur Wikidata

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Ole Kirk Christiansen, né le 7 avril 1891 Omvraa Mark, dans la paroisse de Filskov, au Danemark, et mort le 11 mars 1958 à Billund, est un industriel et entrepreneur danois, fondateur de la société Lego, devenue l'une des entreprises les plus emblématiques du jouet au niveau mondial.

Issu d'une famille de modestes paysans, il se forme très jeune au métier de charpentier. Il développe rapidement une passion pour le travail du bois, qui l'amène à ouvrir son propre atelier de menuiserie en 1916 à Billund, une petite ville rurale du Jutland. Son entreprise fabrique d'abord des articles ménagers en bois, destinés à la population locale. Sa vie est marquée par plusieurs défis majeurs. En 1924, un incendie détruit son atelier, mais il rebâtit son entreprise. La Grande Dépression des années 1930 frappe durement son affaire, le contraignant à diversifier sa production. Il se tourne alors, en 1932, vers la fabrication de jouets en bois de qualité, un choix qui s'avère décisif pour l’avenir de son entreprise.

En 1934, il donne à son entreprise le nom de « Lego », une abréviation des mots danois leg godt, qui signifient « joue bien ». Après la Seconde Guerre mondiale, alors que le bois devient moins disponible et que le plastique émerge comme une nouvelle matière industrielle, Christiansen prend la décision audacieuse de se lancer dans la production de jouets en plastique. En 1947, Lego devient l'une des premières entreprises au Danemark à acquérir une machine à injection plastique. Ce tournant majeur aboutit en 1949 à la création des premières briques imbriquables.

Malgré des débuts difficiles, il persévère et continue d'améliorer la conception des briques en plastique. En 1958, peu avant sa mort, l'entreprise dépose le brevet pour la brique Lego avec ses tenons et tubes, un système de connexion qui assure une stabilité sans précédent et ouvre la voie à des possibilités de construction infinies. Cette innovation marque le début de l'essor mondial de Lego, transformant l'entreprise en un géant du jouet dans les décennies suivantes. Les briques Lego, par leur simplicité et leur potentiel infini, deviennent un phénomène culturel et éducatif, incarnant l'esprit d'innovation et de qualité que Christiansen a insufflé dans sa société.

Biographie

Jeunesse et formation

Ole Kirk Christiansen (à gauche) dans l'atelier de son frère à Give (en) en 1910.

Ole Kirk Christiansen naît le 7 avril 1891 à Filskov, un petit village rural du Jutland, au Danemark[1]. Sur son acte de naissance, son nom de famille est orthographié avec un K, ce qui est courant à l'époque pour le nom de famille Kristiansen d'être orthographié avec Ch ou K, et Ole utilisera effectivement dans sa vie les deux versions, bien que principalement le style Ch[2]. Il est le plus jeune d'une fratrie de treize enfants[3],[4], dans une famille de paysans pauvres. Ses parents, Jens Niels Christiansen et Kirstine Andersen, peinent à joindre les deux bouts, ce qui l'oblige dès son plus jeune âge à contribuer aux tâches agricoles familiales. Cette enfance marquée par le travail dur et la pauvreté façonne son caractère, lui inculquant très tôt la valeur de l'effort et la nécessité de la débrouillardise[5],[6].

Dès l’âge de 7 ans, il montre un vif intérêt pour le travail manuel. Son père, malgré les ressources limitées de la famille, l’encourage à développer ses compétences pratiques, ce qui l’amène à bricoler et à fabriquer de petits objets pour la maison. Fasciné par les matériaux et les outils, il démontre une habileté naturelle pour le travail du bois, ce qui influence grandement son futur parcours. À l’âge de 14 ans, après avoir terminé l'école primaire[1], il part se former en tant qu’apprenti charpentier dans la ville voisine de Give (en) chez son frère, Kresten Bonde Kristiansen. Cette formation, qui dure plusieurs années, lui permet d'acquérir une solide expertise technique, tout en développant une passion pour la précision et le travail bien fait. Il est très attentif aux détails et s'efforce de perfectionner chaque aspect de son travail[7].

En 1911, à l’âge de 20 ans, il reçoit son certificat de compagnon[4] et effectue son service militaire comme fantassin de la 4e compagnie du 1er bataillon à la citadelle de Copenhague. Il revient à Give et fait un voyage dans le sud du Jutland, où il travaille à Haderslev et également avec un maître sur l’île d’Als. Il fréquente l’école technique de Haslev et est de retour à Give lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914. Il est appelé, mais comme il dispose d'un permis de voyage pour aller à l’étranger, il est autorisé à partir au bout de six semaines. Il se rend en Allemagne, puis en Norvège[1] où il travaille dans une usine de produits du bois à Vestfossen d’octobre 1914 à mars 1915. En raison d’une pénurie de travail, il rentre à Give, mais est immédiatement rappelé dans l’armée puis démobilisé peu après[8].

Les débuts professionnels

En 1916, Ole Kirk Christiansen, fort de son expérience en menuiserie acquise durant son apprentissage et ses années de travail en tant que compagnon charpentier, décide de franchir un cap en fondant son propre atelier à Billund, qui est alors une localité modeste et peu développée. Il achète, le 1er février 1916, Billund Maskinsnedkeri (atelier de menuiserie et de charpenterie de Billund) pour 10 000 couronnes danoises[1],[9] et se spécialise d'abord dans la fabrication de produits en bois destinés à un usage domestique, tels que des échelles, des planches à repasser, des tabourets et des cadres de fenêtres. Ces articles sont essentiels pour les foyers de l'époque, et Ole mise sur la qualité artisanale pour se démarquer de la concurrence[5]. Il construit également d'autres projets plus importants : des maisons, des bâtiments agricoles, la laiterie de Billund et de Randbøl, des salles de mission et une nouvelle galerie pour l'église de Grene. Il remporte le contrat de construction de l'église de Skjoldberg, un projet qui ne rapporte que très peu de bénéfices et déclare : « Oh, eh bien, c'était pour une bonne cause »[9].

Son atelier rencontre rapidement un certain succès local, grâce à la réputation de ses produits robustes et bien conçus. Il emploie plusieurs ouvriers, et l'entreprise se développe progressivement. Toutefois, le dimanche 27 avril 1924, un incendie ravage son atelier et sa maison, provoqué par inadvertance par ses fils Godtfred et Karl Georg, détruisant non seulement les bâtiments mais aussi une grande partie de son stock et de ses outils. Ce coup dur aurait pu signifier la fin de l'entreprise, mais il ne se laisse pas abattre. Avec la ténacité qui le caractérise, il invite l'architecte Jesper Jespersen à élaborer les plans de la nouvelle maison familiale et d'un nouvel atelier[9], le dotant cette fois d'installations plus modernes et mieux adaptées à la production à plus grande échelle[6].

Les années qui suivent sont marquées par la nécessité de s'adapter à un environnement économique difficile. La Grande Dépression, qui commence à la fin des années 1920, affecte durement les petites entreprises, et celle de Christiansen ne fait pas exception. Les commandes diminuent, et les finances de l'atelier se trouvent sous pression[7]. Les agriculteurs et les petits exploitants, ses principaux clients, ne peuvent plus se permettre de faire appel à des menuisiers et, en 1931, il n'a d'autre choix que de se séparer de son dernier ouvrier[10].

C’est durant cette période de crise qu’il prend une décision qui va orienter son avenir de manière inattendue. En 1932, pour tenter de diversifier ses revenus, il commence à fabriquer des jouets en bois, un domaine qui connaît une certaine demande malgré les difficultés économiques. Il produit des modèles simples comme des voitures miniatures, des camions et des animaux, tous faits à la main avec le même soin que ses autres produits. Ces jouets, bien que modestes, sont appréciés pour leur qualité et leur durabilité, ce qui permet à l'atelier de survivre malgré la crise[8]. Ce passage à la fabrication de jouets marque un tournant dans sa carrière. Bien qu'ils ne représentent à ce stade qu'une petite partie de son activité, ils s'avèrent être une solution viable pour maintenir l'entreprise à flot. Christiansen s'aperçoit rapidement du potentiel que ce nouveau secteur offre, même si cela nécessite un changement de paradigme. En 1934, il décide de donner un nom à cette nouvelle gamme de produits : Lego, une contraction des mots danois leg godt, signifiant « joue bien »[11]. Ce choix de nom reflète sa conviction que le jeu doit être à la fois amusant et éducatif, une philosophie qui va devenir centrale dans l'évolution de l'entreprise[12]. Par un grand hasard, il ne sait pas que le mot « Lego » signifie en latin « j’assemble »[10].

Logo de Lego, utilisé de 1936 à 1946.

Au cours de ces premières années, la production reste artisanale et limitée, avec une distribution locale principalement centrée autour de Billund. Toutefois, la qualité des jouets Lego commence à se faire connaître au-delà des frontières du village, ce qui encourage Christiansen à explorer davantage ce secteur. Ses débuts professionnels sont donc marqués par des défis considérables, mais aussi par des décisions stratégiques cruciales qui poseront les bases de son futur empire du jouet[10].

Dans la nuit du 20 mars 1942, un nouvel incendie majeur réduit en cendres son usine de produits du bois, mais la maison familiale attenante est épargnée. Ole est désespéré par cette catastrophe et envisage d'abandonner son activité, l'assurance ne pouvant couvrir les pertes et la construction d'une nouvelle usine. Seul son sens des responsabilités envers ses fils et ses 26 employés le persuade à continuer. La banque Vejle Bank (da) lui accorde le prêt nécessaire et une nouvelle usine est reconstruite l'année suivante sur le site de l'ancien atelier, beaucoup plus moderne que l'ancienne et mieux adaptée à la production de masse de jouets. Ole relance l'activité en reconstruisant tous les modèles et patrons à la main[13]. À la fin de l'année, la production a repris et l'année suivante, l'entreprise emploie 40 personnes[14].

L'introduction du plastique

Dans l’après-guerre, il perçoit les opportunités offertes par les nouvelles technologies industrielles, notamment l'émergence du plastique comme matériau de fabrication. Le bois, bien qu’abondant et traditionnellement utilisé dans l’industrie du jouet, présente des limitations en termes de coût, de durabilité et de flexibilité de production. La crise du bois qui survient en Europe dans les années 1940, avec des pénuries et une hausse des prix, renforce sa décision de diversifier les matériaux utilisés par son entreprise[5].

En 1947, il fait un pari audacieux en devenant l'un des premiers fabricants de jouets au Danemark à investir dans une machine à injection plastique, une technologie alors relativement nouvelle. Cette machine, importée d'Angleterre, permet de produire des objets en plastique avec une rapidité et une précision qui surpassent de loin les capacités de l’artisanat traditionnel en bois. Christiansen comprend rapidement le potentiel de ce matériau léger et modulable pour la fabrication de jouets, même si cette décision comporte des risques financiers importants pour une entreprise encore de taille modeste[6].

La première tentative de production de jouets en plastique chez Lego se fait en 1949, avec la création des Automatic Binding Bricks, ancêtres des briques Lego modernes[11]. Ces briques, bien que simples, sont révolutionnaires par leur concept : elles peuvent s'emboîter de différentes manières, permettant des constructions variées et modulaires. Cependant, les premières versions ne rencontrent pas immédiatement un succès commercial. Les clients de l'époque, habitués aux jouets en bois, sont réticents à l’idée d’acheter des produits en plastique, perçu comme un matériau moins noble et moins durable[7].

Malgré ces débuts difficiles, il persiste dans sa vision. Il consacre beaucoup de temps et de ressources à l'amélioration du design des briques, cherchant à résoudre les problèmes de stabilité et de fixation que posent les premiers modèles. Il comprend que pour convaincre les consommateurs, il doit non seulement prouver la robustesse du plastique, mais aussi démontrer l'aspect éducatif et créatif des briques. C'est ainsi qu'au début des années 1950, l'entreprise commence à développer de nouvelles versions des briques avec un système d'emboîtement plus stable, tout en continuant à produire d'autres jouets en bois et en plastique pour assurer la viabilité financière de l'entreprise[12].

La création de la brique Lego moderne

Brevet de la brique Lego (déposé en 1958 et publié en 1961).

Au début des années 1950, alors que la transition vers le plastique commence à s’ancrer dans les pratiques de l’entreprise, Ole et son fils Godtfred Kirk Christiansen réalisent que les jouets en plastique offrent des possibilités infinies de créativité. Cependant, les premières versions des Automatic Binding Bricks, introduites en 1949, posent encore des problèmes de conception. Les briques ne s’emboîtent pas de manière suffisamment stable, rendant les constructions fragiles et difficiles à manipuler. Conscients que ces limitations freinent le potentiel, Ole et Godtfred se lancent dans une série d’expérimentations pour améliorer le produit[6].

Godtfred, qui joue un rôle de plus en plus central dans l’entreprise, propose alors d’ajouter des tubes à l’intérieur des briques pour améliorer leur stabilité. Cette idée révolutionnaire transforme le concept des briques emboîtables en un système de construction robuste et polyvalent. Le 28 janvier 1958, après des années de recherches et de tests, l’entreprise dépose un brevet pour cette nouvelle brique à tenons et tubes, qui permet de les emboîter fermement tout en offrant une flexibilité d’assemblage[11]. Cette innovation marque la naissance de la brique Lego moderne, telle qu’on la connaît aujourd’hui[5].

La standardisation des dimensions et l’interchangeabilité des briques permettent désormais aux utilisateurs de créer des structures de plus en plus complexes. Les possibilités de jeu deviennent quasi infinies, avec des combinaisons multiples possibles à partir d’un nombre restreint de pièces de base. Cette conception est non seulement un succès technique, mais elle pose aussi les bases du développement de toute la gamme de produits Lego qui suivra[7].

Malgré cette avancée technologique majeure, la brique Lego doit encore conquérir le marché. Les consommateurs restent initialement méfiants face à ce nouveau concept, et les premières années sont marquées par des ventes modestes. Cependant, la qualité et l’ingéniosité du produit finissent par convaincre. Les retours positifs des clients et des détaillants incitent l’entreprise à élargir sa production et à perfectionner encore ses procédés de fabrication pour répondre à la demande croissante[8].

Ole Kirk Christiansen, bien qu’il ne puisse voir l’ampleur du succès mondial que la brique Lego connaîtra, est déterminé à garantir la pérennité de l’entreprise familiale sur des bases solides. Son souci du détail et sa rigueur dans la qualité des produits se reflètent dans chaque étape du développement de la brique Lego moderne. Lorsqu'il décède en 1958, c’est son fils Godtfred qui prend la relève, poursuivant la vision de son père et menant l’entreprise vers une expansion internationale. La création de la brique Lego moderne marque ainsi l’apogée du travail d’Ole Kirk Christiansen, synthèse de son engagement pour l’innovation, la fiabilité et le jeu éducatif[8].

Personnalité et famille

La famille Christiansen avec une femme de chambre en 1922.

Ole Kirk Christiansen naît dans une famille modeste, ce qui façonne une grande partie de son caractère et de sa vision du monde. Marié à Kirstine Sørensen, la fille d'un fromager local, en 1916, il fonde avec elle une famille à Billund, où ils s’installent après leur mariage. Kirstine joue un rôle crucial dans la vie d’Ole, en le soutenant dans ses projets professionnels et en participant activement à la gestion de leur foyer. Le couple a quatre enfants : Johannes, Karl Georg, Godtfred, et Gerhardt[9]. Parmi eux, c’est Godtfred qui se distingue rapidement par son intérêt pour l’entreprise familiale, devenant finalement le successeur de son père à la tête de Lego. Ole accorde une grande importance à la famille, voyant dans ses enfants non seulement son héritage, mais aussi les garants de la pérennité de son entreprise[5].

Sa vie de famille est marquée par des moments de bonheur, mais aussi par des épreuves tragiques. En 1932, il perd sa femme Kirstine, ce qui constitue un coup dur aussi bien sur le plan personnel que professionnel[1]. Cette perte l'affecte profondément, mais il trouve dans son travail et dans l’amour de ses enfants la force de surmonter ce drame. Godtfred, encore adolescent à l’époque, devient alors un soutien essentiel pour son père, en l’aidant à gérer l’entreprise familiale. Ce lien fort entre le père et le fils se renforce au fil des années, faisant d’eux un duo inséparable dans la gestion de Lego[6].

En dehors de son travail, il mène une vie simple, centrée autour de sa famille et de sa foi. Chrétien fervent, il est un membre actif de l’église locale, où il participe régulièrement aux offices et aux activités communautaires. Sa foi influence de manière significative ses décisions et ses relations avec les autres. Il inculque à ses enfants des valeurs de respect, de travail acharné et d’humilité, qui deviendront des principes directeurs pour la famille Christiansen, même après sa mort[12],[9].

Ole Kirk Christiansen est également connu pour sa passion pour l’artisanat et le travail manuel. Pendant son temps libre, il aime travailler le bois, non seulement pour des raisons professionnelles, mais aussi comme une forme de détente et d’expression personnelle. Cette passion pour le travail bien fait et l’attention aux détails se reflète dans les produits de son entreprise. Il s'efforce de transmettre cet amour pour l'artisanat à ses enfants, en particulier à Godtfred, avec qui il partage de nombreuses heures dans l'atelier familial[7].

À la fin de sa vie, il reste profondément impliqué dans les affaires de son entreprise, tout en continuant à privilégier les moments passés avec sa famille. Malgré ses réussites professionnelles, il demeure humble, préférant la simplicité à l’opulence. Ses dernières années sont marquées par une transmission progressive des responsabilités à son fils Godtfred, qu’il forme pour lui succéder à la tête de Lego[8].

Postérité

Impact sur l'industrie du jouet

Coffret de briques en plastique Lego.

Ole Kirk Christiansen révolutionne l’industrie du jouet avec la création de la brique Lego, un produit qui redéfinit les normes de l’innovation et de la qualité dans ce secteur. Avant son introduction en 1958, les jouets de construction existent déjà, mais aucun n'atteint le niveau de sophistication et de polyvalence offert par le système de briques emboîtables conçu par Christiansen et son fils. Grâce à cette invention, Lego devient un pionnier dans l'univers du jouet, établissant de nouveaux standards en termes de jouabilité, de durabilité et de possibilités créatives. Cette innovation pousse d'autres entreprises à repenser leurs produits et à investir davantage dans la recherche et le développement pour rester compétitives dans un marché en pleine évolution. Les briques Lego sont à la fois simples dans leur conception et infiniment complexes dans leurs applications, ce qui permet à l'entreprise de maintenir une position de leader dans l'industrie du jouet pendant des décennies[6].

L'impact de la brique Lego ne se limite pas à sa popularité commerciale ; elle influence également la manière dont les enfants apprennent et se développent. Les jouets Lego favorisent le développement des compétences en résolution de problèmes, la créativité, la pensée logique et la coordination œil-main. Ole Kirk Christiansen ne se contente pas de créer un simple jouet ; il introduit un outil éducatif qui est adopté par des parents, des éducateurs et même des institutions pédagogiques à travers le monde. Avec le temps, Lego devient un élément essentiel de la culture du jeu, contribuant à la formation de générations d'enfants et à l’émergence de nouvelles approches pédagogiques fondées sur le jeu et l’expérimentation[5].

En instaurant un standard de qualité exceptionnel pour ses produits, Christiansen oblige l'ensemble de l'industrie à élever ses exigences. Sa philosophie de production, axée sur la précision, la qualité et la sécurité, impose de nouvelles attentes au sein du marché du jouet, rendant obsolètes les jouets mal conçus ou fabriqués à moindre coût. Cette rigueur et cette vision à long terme inspirent d'autres entreprises du secteur, qui adoptent progressivement des méthodes similaires pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Ainsi, l’héritage de Christiansen se retrouve non seulement dans les produits Lego eux-mêmes, mais aussi dans la transformation durable qu'il provoque au sein de l'industrie du jouet[7].

Croissance et expansion de Lego

Après la mort d'Ole Kirk Christiansen en 1958, son fils Godtfred Kirk Christiansen prend les rênes de l'entreprise et poursuit la vision de son père en conduisant Lego vers une expansion sans précédent. Sous sa direction, Lego passe d'une entreprise nationale à un géant mondial. Dès les années 1960, la marque commence à s'implanter à l'international, avec l'ouverture de filiales en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Godtfred développe également la gamme de produits en introduisant des séries thématiques, ce qui élargit considérablement l'offre et attire un public de plus en plus diversifié. Cette expansion est rendue possible grâce à une stratégie d'innovation continue, avec l'introduction de nouvelles pièces, de nouvelles couleurs et de nouveaux concepts de jeu qui repoussent les limites de la créativité et maintiennent l'intérêt des consommateurs pour la marque[11],[5],[6].

L'essor mondial de Lego se traduit également par une augmentation massive de la production, nécessitant la construction de nouvelles usines et l'automatisation des processus de fabrication. La société investit dans des machines de pointe pour garantir la précision et la qualité des briques, tout en augmentant les volumes de production pour répondre à une demande croissante. Cette phase d'expansion rapide est également marquée par une forte croissance des revenus de l'entreprise, qui devient l'une des marques les plus rentables et les plus reconnaissables au monde. Sous la direction de Godtfred, elle franchit de nouvelles étapes en termes de distribution et de marketing, notamment par la création des parcs d'attractions Legoland[11], qui renforcent encore davantage la notoriété et l'attrait de la marque[7].

Pérennité des valeurs familiales dans l'entreprise

L'un des aspects les plus marquants de la postérité d'Ole Kirk Christiansen est la transmission et la pérennité des valeurs familiales au sein de l'entreprise Lego. Dès le début, il installe une culture d'entreprise basée sur des principes tels que la qualité, l'intégrité, et l'importance de la famille. Ces valeurs sont non seulement maintenues mais également renforcées par ses successeurs. Godtfred Kirk Christiansen, en particulier, veille à ce que l'entreprise reste fidèle aux idéaux de son père, en adoptant une approche conservatrice quant à la gestion de l'entreprise, mais innovante dans le développement des produits. Ce souci de préserver l'intégrité des produits et de l'entreprise se traduit par des décisions stratégiques, comme le refus de céder aux tendances de la production à bas coût ou de sous-traiter la fabrication des briques[5],[6].

L'importance des valeurs familiales se manifeste également dans la structure de l'entreprise, qui reste sous le contrôle de la famille Christiansen. Contrairement à de nombreuses autres entreprises qui finissent par être vendues ou par perdre leur identité familiale, Lego reste une société familiale, gérée par les descendants directs d'Ole Kirk Christiansen. Cette continuité permet de maintenir une vision à long terme, orientée non seulement vers la croissance et la rentabilité, mais aussi vers la pérennité des valeurs qui ont fait le succès de l'entreprise. Ainsi, les héritiers d'Ole, tout en s'adaptant aux défis du marché global, continuent de placer la qualité et la satisfaction des consommateurs au cœur de leur stratégie[8].

Influence culturelle et sociale de Lego

Rencontre d'amateurs de Lego en Espagne en 2015.

L'influence de Lego dépasse largement le cadre de l'industrie du jouet pour s'étendre à la culture populaire et à la société dans son ensemble. La brique Lego devient un symbole de créativité et d'innovation, utilisée non seulement par les enfants, mais aussi par les adultes, les artistes, les ingénieurs et les éducateurs. Dans le domaine de l'éducation, les briques Lego sont largement adoptées comme outils pédagogiques, en particulier dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STEM). Des programmes tels que Lego Education (en) et Lego Mindstorms sont développés pour encourager les jeunes à explorer ces disciplines de manière ludique et interactive, ce qui renforce l'impact social de l'entreprise fondée par Ole Kirk Christiansen[11],[6].

Lego devient également une icône culturelle, apparaissant dans des œuvres d'art, des films, des séries télévisées et des expositions à travers le monde. La création du film La Grande Aventure Lego en 2014 témoigne de l'importance culturelle de la marque, en la projetant sur la scène mondiale et en la rendant encore plus populaire auprès de nouvelles générations[11]. Les briques Lego sont également utilisées dans des projets d'art contemporain, où des artistes créent des sculptures complexes et des installations qui réinterprètent cet objet du quotidien sous une forme artistique. Cette capacité de Lego à transcender son statut de jouet pour devenir un vecteur de créativité et d'expression en fait un phénomène unique dans l'industrie du jouet et dans la culture mondiale[8].

Reconnaissance et hommages posthumes

Depuis la mort de Christiansen, de nombreux hommages lui ont été rendus en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à l'industrie du jouet et à la culture populaire mondiale. En 1964, la Fondation Ole Kirk, une fondation caritative danoise est créée en sa mémoire[15]. En 1989, à l'occasion du centenaire de sa naissance, la ville de Billund inaugure une statue en son honneur, située non loin du siège de Lego, symbolisant son importance pour la communauté locale. Le nom d'Ole Kirk Christiansen reste également étroitement associé à l'histoire de l'entreprise qui ne manque jamais de rappeler les origines modestes et les valeurs qui ont conduit à son succès. Des musées et des expositions dédiés à l'histoire de Lego mentionnent fréquemment Christiansen comme une figure emblématique de l'entrepreneuriat et de l'innovation[5]. Le 6 septembre 2023, le Parco Ole Kirk Kristiansen, un parc situé au nord-ouest de Rome, est nommé en son honneur[16].

En plus des hommages physiques, Ole Kirk Christiansen est également reconnu à travers divers prix et distinctions posthumes. L'influence de Lego est célébrée par de nombreuses institutions, qui reconnaissent l'impact social et éducatif de la brique Lego. Des événements et des célébrations sont régulièrement organisés par l'entreprise et par les fans de Lego pour honorer la mémoire de son fondateur. Le succès continu de l'entreprise et la pérennité de ses valeurs sont souvent cités comme les plus grands hommages à la vision d'Ole Kirk Christiansen, faisant de lui une figure importante non seulement au Danemark, mais dans le monde entier[6],[7].

Voir aussi

Références

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  2. (en) « Kristiansen or Christiansen », sur Lego (consulté le )
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  4. a et b (en) « Ole Kirk Kristiansen's childhood and youth », sur Lego (consulté le )
  5. a b c d e f g h et i Jens Andersen, The LEGO Story: How a Little Toy Sparked the World’s Imagination, (lire en ligne)
  6. a b c d e f g h i et j David C. Robertson et Bill Breen, Brick by Brick: How LEGO Rewrote the Rules of Innovation and Conquered the Global Toy Industry, (lire en ligne)
  7. a b c d e f g et h G. Wayne C. Miller, Toy Wars: The Epic Struggle Between G.I. Joe, Barbie, and the Companies That Make Them, (lire en ligne)
  8. a b c d e f et g Jonathan Bender, LEGO: A Love Story, (lire en ligne)
  9. a b c d et e (en) « Ole Kirk Kristiansen settles in Billund », sur Lego (consulté le )
  10. a b et c (en) « A new reality », sur Lego (consulté le )
  11. a b c d e f et g (en) « LEGO toy », sur Britannica (consulté le )
  12. a b et c (en) « Lego History », sur Lego (consulté le )
  13. (en) « Disaster strikes », sur Lego (consulté le )
  14. (en) « The beginning of the LEGO Group », sur Lego (consulté le )
  15. The Europa International Foundation Directory 2022, 31st, (ISBN 978-1-032-27430-0)
  16. (da) Af Sebastian Würtz Bonde og Ritzau, « Park i Rom opkaldes efter Lego-grundlægger », sur TV SYD (consulté le )

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jens Andersen, The LEGO Story: How a Little Toy Sparked the World’s Imagination, Mariner Books, , 432 p. (ISBN 978-0-063-25802-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • David C. Robertson et Bill Breen, Brick by Brick: How LEGO Rewrote the Rules of Innovation and Conquered the Global Toy Industry, Random House, , 320 p. (ISBN 978-0-307-95161-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • G. Wayne Miller, Toy Wars: The Epic Struggle Between G.I. Joe, Barbie, and the Companies That Make Them, Times Books, , 448 p. (ISBN 978-0-812-92984-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jonathan Bender, LEGO: A Love Story, John Wiley & Sons, , 288 p. (ISBN 978-0-470-40702-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • John Brooks, Business Adventures: Twelve Classic Tales from the World of Wall Street, Open Road Media, , 400 p. (ISBN 978-1-497-64489-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Daniel Konstanski, The Secret Life of LEGO Bricks, Unbound, , 336 p. (ISBN 978-1-800-18350-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes

  • The LEGO Group History sur le site officiel de Lego
  • La success story de Lego
  • LEGO toy
  • Historia National Geographic
  • The Guardian
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