Processus de Kiefer

Le processus de Kiefer est un mouvement brownien ( K ( t , x ) ) 0 t 1 , x 0 {\displaystyle (K(t,x))_{0\leq t\leq 1,x\geq 0}} à deux paramètres introduit par le mathématicien américain Jack Kiefer afin de voir le processus empirique comme un processus gaussien à deux paramètres. En particulier, en fixant le paramètre x {\displaystyle x} le processus de Kiefer est un pont brownien et en fixant le paramètre t {\displaystyle t} il devient un mouvement brownien.

Définition et propriétés

Soit W ( t , x ) {\displaystyle W(t,x)} un processus de Wiener (ou mouvement brownien) à deux paramètres. Un processus de Kiefer ( K ( t , x ) ) 0 t 1 , x 0 {\displaystyle (K(t,x))_{0\leq t\leq 1,x\geq 0}} est défini par

K ( t , x ) = W ( t , x ) t W ( 1 , x ) . {\displaystyle K(t,x)=W(t,x)-tW(1,x).}

Le processus de Kiefer vérifie les propriétés suivantes :

  • Si on fixe le paramètre t {\displaystyle t} , le processus de Kiefer est un mouvement brownien. Formellement,
    0 < t 0 < 1 , W ( x ) = K ( t 0 , x ) t 0 ( 1 t 0 ) , x 0 {\displaystyle \forall 0<t_{0}<1,W(x)={\frac {K(t_{0},x)}{\sqrt {t_{0}(1-t_{0})}}},x\geq 0}
    est un mouvement brownien ;
  • Si on fixe le paramètre x {\displaystyle x} , le processus de Kiefer est un pont brownien. Formellement,
    x 0 > 0 , P ( t ) = K ( t , x 0 ) x 0 , 0 t 1 {\displaystyle \forall x_{0}>0,P(t)={\frac {K(t,x_{0})}{\sqrt {x_{0}}}},0\leq t\leq 1}
    est un pont brownien. ;
  • P n ( t ) = K ( t , n ) K ( t , n 1 ) , 0 t 1 , n N {\displaystyle P_{n}(t)=K(t,n)-K(t,n-1),0\leq t\leq 1,n\in \mathbb {N} ^{*}} est une suite de ponts browniens indépendants ;
  • E [ K ( t , x ) ] = 0 {\displaystyle \mathbb {E} [K(t,x)]=0} et la fonction de covariance de K ( t , x ) {\displaystyle K(t,x)} est donnée par
    E [ K ( t 1 , x 1 ) K ( t 2 , x 2 ) ] = ( t 1 t 2 t 1 t 2 ) ( x 1 x 2 ) . {\displaystyle \mathbb {E} [K(t_{1},x_{1})K(t_{2},x_{2})]=(t_{1}\wedge t_{2}-t_{1}t_{2})(x_{1}\wedge x_{2}).}

Approximation forte du processus empirique

Articles détaillés : Approximation forte et Théorème d'approximation de Komlós-Major-Tusnády.

Jack Kiefer fut le premier mathématicien à considérer le processus empirique α n ( t ) {\displaystyle \alpha _{n}(t)} comme un processus à deux paramètres et que celui-ci devait par conséquent être approché par un processus gaussien bidimensionnel. Il prouve notamment que si ( U n ) n N {\displaystyle (U_{n})_{n\in \mathbb {N} ^{*}}} est une suite de variables i.i.d. de loi uniforme sur [ 0 , 1 ] {\displaystyle [0,1]} , il existe un processus de Kiefer ( K ( t , x ) ) 0 t 1 , x 0 {\displaystyle (K(t,x))_{0\leq t\leq 1,x\geq 0}} vérifiant presque-sûrement[1]

sup t [ 0 , 1 ] | n α n ( t ) K ( t , n ) | = O ( n 1 / 3 ( log n ) 2 / 3 ) . {\displaystyle \sup _{t\in [0,1]}|{\sqrt {n}}\alpha _{n}(t)-K(t,n)|=O(n^{1/3}(\log n)^{2/3}).}

Les mathématiciens Komlós, Tusnády et Major approchent fortement le processus empirique uniforme avec le processus de Kiefer avec une meilleure borne[2],[3]. Précisément, si ( U n ) n N {\displaystyle (U_{n})_{n\in \mathbb {N} ^{*}}} est une suite de variables i.i.d. de loi uniforme sur [ 0 , 1 ] {\displaystyle [0,1]} alors il existe un processus de Kiefer ( K ( t , x ) ) 0 t 1 , x 0 {\displaystyle (K(t,x))_{0\leq t\leq 1,x\geq 0}} tel que pour tout x , n {\displaystyle x,n} , presque-sûrement [4]

P ( max 1 k n sup t [ 0 , 1 ] | k 1 / 2 α k ( t ) K ( t , k ) | > ( C log n + x ) log n ) < L e λ x {\displaystyle \mathbb {P} \left(\max _{1\leq k\leq n}\sup _{t\in [0,1]}|k^{1/2}\alpha _{k}(t)-K(t,k)|>(C\log n+x)\log n\right)<Le^{-\lambda x}}

C , λ , L {\displaystyle C,\lambda ,L} sont des constantes universelles positives. Ce qui entraîne d'après le lemme de Borel-Cantelli : presque-sûrement,

sup 0 t 1 | n 1 / 2 α n ( t ) K ( t , n ) | = O ( log 2 n ) . {\displaystyle \sup _{0\leq t\leq 1}|n^{1/2}\alpha _{n}(t)-K(t,n)|=O(\log ^{2}n).}

Références

  1. (en) Jack Kiefer, « Skorohod Embedding of Multivariate RV's and the sample DF », Z. Wahrscheinlichkeitstheorie verw. Gebiete, vol. 24,‎ , p. 1-35
  2. (en) J. Komlos, P. Major et G. Tusnady, « An approximation of partial sums of independent RV’-s, and the sample DF. I », Z. Wahrscheinlichkeitstheorie verw, no Gebiete 32,‎ , p. 211-226 (lire en ligne)
  3. (en) J. Komlos, P. Major et G. Tusnady, « An approximation of partial sums of independent RV'-s and the sample DF. II », Z. Wahrscheinlichkeitstheorie verw, no Gebiete 34,‎ , p. 33-58 (lire en ligne)
  4. (en) M. Csörgo et P. Révész, Strong approximations in probability and statistics
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